Blackwood, Michael Farris Smith / trad. de l'anglais. Sonatine, 04/2021. 282 p. 21 € ****

         Red Bluff, une petite ville du Mississippi. Evans Colburn, qui a assisté enfant au suicide de son père, est de retour dans sa ville natale pour y créer des sculptures de métal dans un local prêté par la mairie. Dans ce coin perdu où le kudzu, sorte de vigne vierge très invasive, envahit progressivement les habitations, débarque une famille de marginaux hostiles et un peu agressifs, que le shérif surveille de près. Colburn, lui, noue amitié avec Célia, la propriétaire du bar où il prend ses habitudes, s'attirant la haine de son ex petit ami.

Le drame couve. Sous les frondaisons du kudzu, au cœur de ses racines délétères, il naît et se développe. En surface, on n'en soupçonne rien, ou si peu ; le temps semble s'être ralenti dans la moiteur du climat tandis que, lentement mais sûrement, la ville est engloutie par la vigne. Elle peut pousser et s'accrocher partout, atteindre une bonne vingtaine de mètres ; elle étouffe toutes les autres plantes. C'est elle le personnage principal de cette histoire qui se trame à mesure de la progression des tiges et des racines ; c'est elle qui donne le tempo, lent, insidieux, inexorable. Face à elle, les hommes et leur passé, leur folie, leur impuissance. Michael Faris Smith a su parfaitement tirer profit de cette plante invasive pour camper une atmosphère étouffante et créer un récit noir où tout espoir en l'humanité semble condamné par une nature malfaisante et sans pitié.

 

Catégorie : Romans noirs

Etats-Unis / végétation / invasion / meurtre /


Posté le 20/08/2021 à 09:40