La route du lilas, Eric Dupont. Harper Collins Poche, 02/2020. 506 p.****

Shelly et Laura sont passionnées par le lilas, dont elles suivent la floraison chaque printemps en parcourant les Etats-Unis à bord de leur camping-car, remontant vers le nord au fur et à mesure que les boutons éclosent. C'est aussi l'occasion d'emmener discrètement avec elles des femmes auxquelles elles vont faire traverser la frontière avec le Canada. Cette fois, c'est Maria Pia, une sexagénaire d'origine mexicaine qui les accompagne, et qui va dévoiler à chaque étape du périple l'histoire de sa vie.

Dans ce long roman amplement documenté, qui fait la part belle aux figures féminines, l'auteur aime à prendre son temps et ne craint pas les digressions. A travers la bouche de Maria, lors de ces séances d'écriture imposées par Shelly et Laura, sous l'odeur entêtante et envoûtante du lilas, il raconte notamment le destin de Léopoldine, archiduchesse autrichienne mariée au roi du Portugal et exilée au Brésil, où elle est publiquement bafouée par un mari devenu empereur, volage et cruel, et où elle s'éteindra à 29 ans. Il narre aussi celui de Thérèse, l'amoureuse que Maria va suivre à Paris, celui de leurs filles, Rose et Simone. Alors oui, il arrive que l'on perde de vue le propos initial, le fait que Maria est sans papiers et projette de refaire sa vie dans un pays dont elle va franchir la frontière en toute illégalité – et c'est le but de son voyage, et elle se fout du lilas. Mais tous ces destins croisés, au Brésil au 19ème siècle, à Paris dans les années 50, dans les Etats-Unis de 2011, racontent à leur façon la lutte des femmes pour leurs droits et leur émancipation. Au printemps, l'odeur des lilas donne à chacune une envie de liberté.

 

Catégorie : Littérature française

périple / Etats-Unis / destin / femme /

 

Roman lu dans le cadre de Masse Critique Babelio


Posté le 06/07/2020 à 18:23