Chez le dentiste 2

"On va refaire une petite anesthésie, ce sera plus confortable pour vous." Et le praticien de m'énumérer tout ce qu'il va me faire subir, casser les dents provisoires, mettre un fil de rétraction, faire des moulages, remettre de nouvelles provisoires, je n'écoute pas trop, après une journée de travail j'aurais préféré m'allonger sur mon canapé avec un bon livre plutôt que sur le fauteuil du cabinet.

       

L'anesthésie est moindre que la première fois, mais plus douloureuse : il a dû piquer dans un nerf car ça fait vraiment mal. Et le produit qui goutte sur ma langue a un goût amer désagréable. L'étape de casse est plus rapide que la première fois, et s'ensuit assez vite par un limage des gencives, qui va réclamer une deuxième dose d'anesthésique. Pour mieux travailler, l'homme de l'art réclame un écarte-lèvres. Entre cette corolle en plastique blanc autour de la bouche et le sourire de junkie, l'image est suffisamment traumatisante pour que j'évite, pendant le reste de la séance, à entre apercevoir mon reflet dans la visière du médecin.

       

Une fois bien à l'aise pour officier, il peut insérer dans les racines les tiges de métal destinées à faire tenir les futures couronnes – je tâche de ne pas regarder la longueur de ces morceaux de métal -, avant de poser son fil de rétraction, c'est-à-dire qu'il coince un fil entre ce qui reste des dents – baptisés poétiquement des moignons, c'est tout dire – et la gencive. J'endure sans bouger la douleur du crochet qui vient chatouiller le palais qui n'a pas été anesthésié. Je connais les mêmes mésaventures que la fois précédente lors des rinçages, en profite pour me détendre un peu les mâchoires. Puis c'est le moment de refaire des empreintes – je me demande bien à quoi ont servi celles de la séance précédente – avec des moules qu'on m'insère dans la bouche. En attendant que la pâte durcisse, le praticien pose sa main sur mon épaule, assez lourdement, je ne sais si c'est pour se reposer ou m'apaiser mais j'aime bien. Il tire ensuite sur les empreintes qui se retirent avec un bruit de succion écœurant. Ensuite, il faut retirer les fils, repasser la fraise sur les moignons et les gencives, avant de nettoyer et sécher le tout en passant longuement un jet d'air froid particulièrement désagréable.


Avant-dernière étape, le choix de la teinte de la céramique des futures couronnes. Le dentiste me conseille de ne pas choisir une teinte trop claire qui ferait artificiel. Il me donne à choisir entre trois nuances, plus ou moins blanchâtres, me tend un miroir pour comparer les trois petites couronnes empalées sur des tiges, qu'il place à côté des dents du bas. Je ne vois franchement pas la différence, et lui demande de choisir pour moi. Il opine derrière son masque et sa visière, avant de procéder au moulage des dents provisoires qui se révèlent aussi réussies que les précédentes. Ne reste plus qu'à m'extirper du fauteuil épuisée par une séance de deux heures assez désagréable et douloureuse malgré la gentillesse du dentiste. C'est l'heure de remettre le masque et de rentrer.

Posté le 26/05/2021 à 17:49

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