L'Usine à Paroles

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Modern Love

     « Attention, t’es prête ? » crie Mesil chaque fois qu’il aperçoit un obstacle sur la route, bouche d’égout ou trou dans le bitume qui risquerait de les faire chavirer. Héloïse répond d’un oui ! enthousiaste et continue de s’accrocher comme elle peut d’une main au guidon de la trottinette, l’autre tenant les chapeaux qui se sont envolés au démarrage. Ils roulent sur la Corniche Kennedy, serrés l’un contre l’autre, Mesil derrière qui conduit, son ventre et son torse dans le dos d’Héloïse, sa barbe qui lui chatouille la joue, son rire dans son oreille. Ils croisent d’autres couples, très jeunes, juchés comme eux collés serrés sur le même engin. A leur droite, le paysage grandiose qui défile, le château d’If et l’Archipel du Frioul, les voitures qui les dépassent en klaxonnant, l’impression d’avoir vingt ans.


     « On s’arrête là ? ». Héloïse tend le bras. Plage du Prophète indique la pancarte, une plage à deux côtés où il reste encore un peu de place entre les serviettes en ce début d’après-midi. Ils marchent dans l’eau claire, titubant sur les rochers qui se mettent en travers de leur chemin. Héloïse poursuit, éprouve la fraîcheur de l’eau, s’y jette, nage, dépasse la digue et se laisse aller sur le dos, ballotée par la houle, les bras en croix. C’est bon, ce dernier jour. Dommage que Mesil ne l’ait pas accompagnée, elle l’aurait bien embrassé là, à l’abri des rochers. Mais l’eau est trop froide, dit-il depuis le début du séjour. Il l’attend sur le bord, assis dans vingt centimètres d’eau, se recule quand elle fait mine de se coller à lui, ses cheveux qui gouttent quand même sur ses épaules.


     Serrés l’un contre l’autre sur l’unique serviette que leur périple leur a permis d’emporter, ils regardent les mouvements saccadés des baigneurs qui se cognent aux rochers tapis sous l’eau et se rattrapent maladroitement. Mesil fredonne « ‘Cause it’s a thriller, thriller night… ». Héloïse rit, rejette ses cheveux en arrière, en profite pour frôler l’épaule de son compagnon, goûte le contact de leurs cuisses collées, et du bout de l’index trace des ronds sur le genou de Mesil.


      « Excusez-moi madame, je peux vous poser une question ? »

     Une dame d’un certain âge, portant large chapeau de paille, paréo et bijoux, la regarde à travers ses grandes lunettes de soleil.

      « Oui bien sûr !

    - Eh bien, voyez-vous, je m’apprête à partir, dans disons … un quart d’heure à peu près, mais je m’interroge et je voulais vous demander pourquoi vous vous étiez installés si près de moi.

    - Euh… eh bien… » Héloïse bafouille, ne sait que répondre, quoi dire, ils n’ont pas fait attention, mais la dame reprend :

     « Parce que, vous voyez – elle montre d’un geste ample du bras la petite anse -, il y a de la place sur la plage, vous auriez largement pu vous mettre ailleurs, là j’entends toute votre conversation… 

     - Ecoutez madame, je vois pas où est le problème, la plage est à tout le monde non ? » Mesil s’est décidé à intervenir.

     « Certes monsieur, mais ce n’est pas une raison pour coller les gens comme ça. Je n’ai pas envie d’entendre ce que vous dites, et vous sans doute également, n’est-ce pas ?

    - Je me fous de savoir si vous entendez nos conversations, vous n’avez qu’à vous déplacer vous-même si ça ne vous plaît pas !

     - Ah monsieur, ne confondez pas les choses ! J’étais là avant vous, il me semble, et c’est une simple question de politesse et d’éducation !

-      C’est vous qui êtes impolie et mal élevée de nous agresser comme ça. Hors de question que je bouge pour vous faire plaisir ! »


 La dame proteste, s’adresse alors à ses deux voisins, les prenant à partie. Lesquels opinent, sans toutefois intervenir. Héloïse s’est levée, et pose la main sur l’épaule de Mesil.

      « Viens dit-elle, c’est pas grave, on s’en va. D’un haussement, il la repousse.  

     - J’ai très bien entendu ce que vous dites, madame. Et je vous répète que je ne partirai pas, c’est comme ça. Si vous n’êtes pas contente, vous n’avez qu’à aller vous faire voir !

      - Mais je ne vous permets pas…

     - Je fais ce que je veux. C’est pas une vieille connasse dans votre genre qui va me dire ce que je dois faire !

    - Voilà ! En plus d’être mal élevé, vous êtes grossier ! Vous êtes un imbécile, monsieur !

     - Et vous vous êtes moche ! Vous feriez mieux de vous occuper de vous-même et de vous trouver un mec pour vous faire troncher un bon coup, ça vous détendrait un peu ! »


Héloïse n’entend plus la suite, ferme la glissière du sac à dos dans lequel elle vient de ranger pêle-mêle ses affaires, et s’éloigne. Elle aperçoit, du coin de l’œil, la dame qui, drapée dans sa dignité outragée, quitte elle aussi les lieux dans la direction opposée.


Elle s’est assise sur les rochers qui bordent la plage, regarde l’étendue d’eau, l’horizon derrière la digue. Les baigneurs et leurs gestes saccadés de morts vivants ne la font plus rire. Sa respiration finit par s’apaiser, elle se risque à jeter un œil vers Mesil. Il n’a pas bougé, il regarde droit devant lui et ne tourne pas la tête vers elle quand elle revient s’assoir à ses côtés, une fesse sur le sable.

      « Bon, elle est partie.

      - …

    - Franchement Mesil, tu m’as mise super mal à l’aise. Qu’elle ait été un peu désagréable, ça oui, mais de là à l’insulter et à te montrer aussi grossier, franchement…

     - Je suis grossier avec les gens grossiers. Je vois pas où est le problème. Elle se prend pour qui, cette bonne femme ?

      - Ok, un peu donneuse de leçons peut-être. Mais elle n’était pas agressive…

   - Tu parles ! Raciste aussi. Tu aurais été avec un gentil barbu bien blanc elle aurait jamais osé. Mais j’ai le droit de respirer, comme tout le monde, non ? Sale conne de bourgeoise. »


Trouver des mots apaisants, contenir la colère et la souffrance qu’elle sent affleurer. Héloïse caresse le dos de Mesil, lui murmure à l’oreille que cette histoire ne doit pas gâcher leur dernier jour, qu’elle sera vite oubliée. Sa voix sonne faux.


Héloïse ouvre les yeux. De chaque côté, devant, derrière, des voitures et, pour autant qu’elle puisse en juger devant elle, la file est longue.

« On est où ?

- Près d’Orange. » Orange. Ils ont parcouru à peine plus d’une centaine de kilomètres, à cette allure ils n’arriveront qu’à l’aube. Mesil pianote sur le volant un rythme syncopé.

« Tu nous mets un peu de musique ? »

Héloïse ouvre sa playlist de chansons italiennes. Les premiers accords au synthé de Una storia importante résonnent dans l’habitacle. « Ma ora voglio di più /Una storia importante / Quello che sei tu / Forse sei tu… » ( « Mais maintenant je veux davantage / Une histoire importante / Ce que tu es toi / C’est peut-être toi »).


      Héloïse fredonne. Au loin, on aperçoit les lueurs bleues de gyrophares.

Les voies se rétrécissent, Mesil coupe la musique, force le passage pour s’insérer dans la file de gauche. A droite, les camions de pompiers et des secours cachent les dégâts à la vue des automobilistes, mais Héloïse a le temps d’apercevoir une moto gisant sur le côté, et des jambes sur la chaussée. « Non riesco a liberarmi / Questa vita mi disturba sai / Come ti vorrei / Quanto ti vorrei… »  (« Je n’arrive pas à me libérer / Cette vie me dérange tu sais / Comme je te voudrais / Combien je t’aimerais »).


     La voiture a repris de la vitesse alors que la guitare enfle, jamais Héloïse ne l’a trouvée aussi incongrue et aussi appropriée. Mesil, qui ne parle un mot d’italien, siffle sur le solo. Ramazzotti cède la place à Parla più piano, tiens le thème du Parrain dit Mesil, puis Paolo Conte et sa glace au citron, Zucchero en duo avec Paul Young, tout y passe, ces airs familiers qui parlent d’amour parfois heureux, souvent déçu, faut-il que l’amour ne soit jamais vraiment tranquille.


Héloïse regarde Mesil. Il roule à une allure régulière, sa main gauche tient le volant, la droite est posée sur sa cuisse. Elle a essayé de la caresser, il l’a repoussée, ne me déconcentre pas. Ne me dérange pas, laisse-moi en paix, disaient les messages qu’il lui envoyait ces dernières semaines, purement factuels. Et puis, lors d’un dîner de famille, il lui écrivait des mots pleins d’impatience, arrivait chez elle les yeux brillants, l’aimait avec art. Le lendemain, il allumait l’ampli et courbé sur la Stanford il oubliait qu’elle était là.


     « On se voit bientôt ? Je pense à toi, tu me manques. »

     Jeudi, a répondu Mesil. Il fait chaud, il reste encore trois bonnes semaines de vacances, sous le soleil les rues sont calmes que seuls les touristes arpentent. Héloïse trompe son ennui, rencontre quelques-uns de ses amis rentrés de la mer ou de la montagne, tandis que Mesil se consacre à son fils adolescent et à la musique. Un soir, il lui envoie une de ses compositions qu’il qualifie de nostalgique, une prise vidéo de son écran enregistrée via son téléphone, des graphiques de la banque de sons, la percussion douce des balais et des accords de piano un peu solennels. En fond, le bruissement du tram et le miaulement d’un chat.


Elle n’est jamais allée chez lui. L’appartement est trop en désordre disait Mesil, il y a des trucs partout, je ne veux pas que tu aies honte de moi. Il promettait de ranger, de faire de la place. Il faudrait qu’il déménage, bientôt, qu’il trouve un lieu plus grand où vivre et accueillir les clients potentiels pour lesquels il écrirait des musiques. Il lui présenterait bientôt ses amis, dont elle n’a entendu que le nom. Il parlait beaucoup, cherchait son assentiment, dénonçait la mauvaise ambiance qui régnait sur le lieu d’un travail qui ne lui plaisait pas, lui narrant de multiples anecdotes dans lesquelles elle peinait à identifier qui était qui, racontait les chanteuses russe et belge, lui faisait écouter les remix qu’il avait faits pour des filles qui posaient en maillot de bain sur Instagram.

Quand ils rentraient chez elle, il parlait encore. Il parlait encore quand une fois allongés ils se tenaient nus l’un contre l’autre, il parlait encore après l’amour, je suis un oiseau de nuit tu sais répétait-il, seuls la fatigue tardive et les matins embrumés avaient raison de sa logorrhée.

     Il arrivait qu’il se taise, pourtant. Lorsqu’enhardie par quelques verres, Héloïse prenait la parole. Elle racontait ses découvertes et ses rencontres au cours de ses années d’études à Edimbourg, son trail sur la Pacific Road, son amour des grands espaces, qu’elle retrouvait dans les romans de Pete Fromm, de Ron Rash ou de Richard Wagamese ; elle parlait du pouvoir des mots, ceux des autres, les siens, couchés dans des poèmes qu’elle aurait aimé lui faire lire.

Mesil ne disait rien.


Héloïse attend, la semaine est interminable. La veille de leurs retrouvailles, elle envoie un mot, un peu provocateur, un peu inquiet.

« Je préfère en rester là avec toi. Je tiens à ma liberté physique et spirituelle. Nous aurions été de parfaits amis. ». La réponse est longue, pleine de griefs, et s’achève ainsi. De parfaits amants lit Héloïse, avant de se rendre compte de son erreur. Ses doigts tremblent mais il lui faut répondre, et la voilà qui s’excuse, fait amende honorable, demande si cette décision est définitive.

L’écran reste vide.

     Passé la sidération, il y a la douleur, les images qui se télescopent. Le sourire de Mesil pendant l’amour, sa peau sombre et douce dans les draps blancs, ses yeux clos sur le paisible, les oreilles délicates, la cicatrice sur le front, les pommettes saillantes, soulignées par la lisière de la barbe, les lèvres pleines ; la joie extrême du désir, ses mains brunes sur sa peau à elle, son corps un peu lourd, un peu massif, qui la portait comme de rien au seuil du lit, les souvenirs qu’elle chérit, parce que les avoir là, les entretenir, avoir mal, c’est éprouver encore, et rester vivante.

      Le lendemain soir, et tous les soirs qui suivent de cette fin d’été dont la tiédeur l’amène à sortir, à fuir sa solitude toute neuve, elle passe sous les fenêtres de Mesil. La lumière est allumée, elle se risque à l’appeler, lui écrit encore. Le silence comme unique réponse, qui dit le mépris, l’humiliation, la négation de ce qu’elle est. Réduite au néant. Bâillonnée, empêchée de répondre, de se faire justice. Les notifications affluent pourtant, petite clochette pour annoncer les messages de soutien, la guitare aérienne de Wicked Games quand on l’appelle pour lui proposer des activités et lui « remonter le moral ». A la longue, on s’habitue, constate Héloïse qui ne sursaute plus au moindre son du téléphone.


Reprendre sa vie. Retrouver un intérêt pour tout ce qui la composait, avant Mesil. Revoir les collègues, répondre aux questions sur la façon dont chacun a rempli la grande trêve estivale, faire l’appel, assurer les premiers cours. Supprimer les photos de soleil et de mer, sauf une, elle n’y parvient pas, un selfie d’eux qu’il avait pris, cadré de travers exprès – « Regarde comme je suis un bon photographe, j’ai l’œil » -, dans les rues du Panier. Elle zoome sur son visage, se nourrir des détails, ne pas oublier.

Un soir de la fin septembre, on lui propose de venir écouter un concert dans un bar qu’elle ne fréquente pas. Les musiciens, un couple de guitaristes chanteurs, enchaînent les chansons folks, créations et reprises. Au bar, un colosse aux cheveux longs la fixe à plusieurs reprises. Je vais prendre l’air, dit-elle à Cédric. Dehors, il fait frais, elle goûte la brise en longeant la terrasse. On entend les échos des arpèges et la voix chaude de la chanteuse.  

« Salut Héloïse. Je pensais pas te voir ici. »

Mesil se tient à quelques mètres, accoudé à l’un des mange-debout. Il recrache la fumée, écrase posément sa cigarette. Comment ne l’a-t-elle pas vu en sortant ?

« Ça tombe bien non ? On va pouvoir se parler…

- Se parler ? dit le mec qui me laisse tomber par SMS, et qui me ghoste ? » Héloïse a repris un peu contenance. Mesil ne se démonte pas pour autant.

« Ecoute, je sais que j’ai pas été cool. Mais je voudrais t’expliquer… s’il te plaît. Tiens, assieds-toi. ». Ses yeux bruns la fixent sans ciller. Héloïse s’assied, croise les bras.


Alors il parle, l’homme dans la pénombre qu’elle a tant attendu, il dit son malaise, sa souffrance à s’être senti critiqué, jugé, sa sensation d’être pris au piège d’une relation qui lui a rappelé la précédente, sa rage. Tu ne sais pas qui je suis, répète-t-il à plusieurs reprises, tu ne me connais pas.

« Non, c’est vrai, je ne te connais pas vraiment. Et encore moins maintenant. Je ne te reconnais pas. Comment tu as pu faire ça, d’un seul coup réduire à rien ce qu’on a fait ensemble ? Comment tu as pu me virer de ta vie en quelques clics ? C’est…

- J’étais mal, bordel ! Mais tu n’as pas voulu le voir, ça, tu ne pensais qu’à toi !

- Et c’est une raison pour rompre comme ça, si brutalement ? C’est dégueulasse, Mesil ! Je crois que tu te rends pas compte du mal que ça fait ! En plus, c’est lâche !

- Tu me traites de lâche, là ? » Mesil s’est levé, il se penche vers elle. Héloïse recule mais ne capitule pas.

« Oui, tu n’es qu’un lâche, même pas capable de te donner la peine de me le dire en face ! Elle avait raison, la femme de la plage, tu es lâche, égoïste, mal élevé ! »

Il est sur elle brusquement, l’attrape par les bras, la pousse contre le mur. Le choc dans son dos lui coupe la respiration.

« Tu me dis pas que je suis lâche. Personne me dit ça, OK ? ». Ses mains qui serrent son cou, son visage tout près du sien, crispé, méconnaissable, sa voix qui siffle à ses oreilles. « Tu n’es qu’une conne prétentieuse, qui croit tout savoir ! ». Héloïse a agrippé les poignets de Mesil, elle griffe, se débat vainement. Des points noirs dansent devant ses yeux.

      Brusquement elle sent la prise se relâcher, se laisse tomber au sol, n’entend plus que les battements de son cœur et le sifflement rauque de l’air dans sa gorge. Des cris au loin, puis le noir.


« Alors, tu vas porter plainte ? » demande Cédric, qui a répondu à sa place à l’appel de la police.

Héloïse hausse les épaules. Elle croasse :

« Je ne sais pas, Cédric. Je ne veux pas m’acharner.

- Mais Héloïse, il t’a agressée, et il s’est barré ! Tu as vu les bleus que tu as ? Et ta voix, tu peux à peine parler ! Tu ne peux pas laisser passer ça ! Je t’emmène. »

Héloïse n’a plus envie de lutter, et se laisse conduire. Au point d’accueil victimes, elle est reçue par une jeune femme.


« Je suis le lieutenant Cécile Jonas. Vous voulez boire quelque chose ? Un café, de l’eau ? Elle fait signe à son collègue. Je sais que vous avez du mal à parler, mais il va falloir que vous me racontiez ce qui s’est passé. Prenez votre temps. »

Guidée par les questions de la policière, Héloïse parvient au bout de son récit. L’imprimante crache deux feuillets qu’elle doit relire. Des fautes d’orthographe lui sautent aux yeux qu’elle se retient de signaler, et puis des mots, menaces, tentative de strangulation, délit de fuite – leur histoire réduite à des faits.

« Vous confirmez ? Il faut signer, là.

- Il va lui arriver quoi, après ?

- Hé bien, monsieur sera convoqué, on entendra sa version des faits. Mais avec votre déposition et les témoignages qu’on a recueillis, il y aura forcément des suites pénales.

- Ca va être encore pire… Je ne sais pas si…

- Madame, porter plainte peut éviter des récidives. Surtout que là, dans ce cas…

- Dans ce cas quoi ?

- Je ne suis pas censée vous le dire, mais… c’est déjà une récidive. »


     Le soleil d’avril inonde la salle d’audience. Assise dans le public entre Cédric et sa sœur, Héloïse regarde les reflets scintillants sur le parquet. Un instant, elle se perd dans les bruns mordorés. Cédric lui prend soudain le bras.

     « Le voilà. »

     Mesil entre dans la salle, ses yeux errent sur l’assemblée et passent sur elle sans la voir. Il est toujours aussi beau.