De silence et de loup, Patrice Gain. Albin Michel, 09/2021. 261 p. 17,90 € ****

         Anna Liakhovic, journaliste, a rejoint une équipe de scientifiques et de marins chargés de relever les conséquences du réchauffement climatique sur la banquise de l'Arctique. Russophone, elle est chargée de relater le quotidien de l'équipe et prend place sur le Yupik avec toute l'équipe surveillée par un militaire russe. Suite à une tempête, le bateau doit amarrer et se retrouve prisonnier des glaces à Tiksi, au nord-est de la Sibérie. L'ambiance devient oppressante, la tension monte parmi les membres du groupe, Anna est envahie par les souvenirs qu'elle croyait avoir laissés derrière elle de la mort de sa fille et de sa compagne. A la mort de deux de ses membres l'équipe se scinde en deux. Anna doit quitter le bateau et se retrouve coincée à Tiksi. Son aventure est lue deux ans plus tard par Dom Joseph, moine chartreux qui a reçu le carnet de notes d'Anna, et qui n'est autre que son frère Sacha.

         Les deux intrigues montent en tension en parallèle : plus Anna se trouve prise dans les gangues glacées et aux mains des autorités russes, plus Dom Joseph vit un calvaire silencieux au sein du monastère. La construction de ces deux récits est habile, qui fait la part belle aux ambiances délétères. Le frère et la sœur sont le jouet d'intérêts qui les dépassent, au sein d'une nature féroce et glaciale ou dans le cadre silencieusement hostile du monastère. On retrouve dans ce roman le talent de Patrice Gain à camper des ambiances et des décors parlants, en lien avec les sentiments de ses personnages. Lesquels poursuivent une quête de pureté que leur environnement s'acharne à les empêcher d'atteindre. J'ai été plus sensible à la beauté et à la grandeur des paysages américains de Dinali qu'au silence glacial de l'hiver sibérien, mais ce nouveau roman est parfaitement réussi.

         Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour cette découverte lue dans le cadre de "Masse critique".

 

"C'est dans le fracas de l'absence que l'on mesure les bonheurs de nos vies. C'est dans le silence des photographies que l'on puise nos plus beaux sourires." (p.71).

 

Littérature française

banquise / Russie / solitude / pardon / famille /


Posté le 26/08/2021 à 17:30