Nous rêvions juste de liberté, Henri Loevenbruck. Flammarion, 04/2015. 421 p. 21 € *****

         Hugo, 16 ans, se fait renvoyer de son lycée. Ses parents, désespérés par son comportement, l'inscrivent dans un lycée privé. Il y fait la connaissance de Freddy Cereseto, un bad boy des quartiers pauvres de la petite ville de Providence, et de ses deux compères, Oscar surnommé le Chinois, et Alex, surnommé la Fouine. Il finit par être intronisé dans la bande qui va le baptiser Bohem, en référence à la caravane dans laquelle il vit, et se rapproche beaucoup de Freddy, qui l'initie à la mécanique. Les deux garçons parviennent à se fabriquer des motos. Un avant-goût de la liberté qui fascine Hugo, loin de Providence. Il parvient à convaincre la bande de partir sur la route, sans Freddy qui refuse de les suivre… Se crée la bande des Spitfires…

         Après Le Mystère de la Main rouge du même auteur, je me suis retrouvée plongée dans l'univers radicalement différent des motos clubs, de la route qu'on taille, des bières et des joints, et des nuits à la belle étoile. On est loin, dans ce road trip, des phrases longues à la syntaxe irréprochable de la saga de Gabriel Joly. C'est un tout jeune homme qui s'exprime, sans instruction, un peu roublard, mauvais élève malgré une intelligence vive, un bad boy qui ne veut qu'une chose, rouler sur sa moto et vivre de liberté, au jour au jour. Henri Loevenbruck prend son temps pour poser son personnage, l'ancrer dans un comportement parfois excessif, mais avec une empathie contagieuse. Comment ne pas s'attacher à Bohem qui profite du plaisir de s'affranchir des contraintes, mais qui fait aussi des expériences plus amères et découvre la trahison et la lâcheté ? A trop chercher la liberté, il va finir par se brûler les ailes. Ce roman s'achève sur un dénouement qui laisse le lecteur stupéfait, avec une grosse boule dans la gorge.

 

"Pourquoi t'es parti, mec ? il m'a demandé comme ça un soir avec une voix vachement plus triste que d'habitude.

         - Parti ?

         - De Fremont. Pourquoi t'as laissé tes frangins ?

         - Je pourrais très bien te répondre que ce sont eux qui m'ont laissé…

         - Trop facile.

         - Je suis parti, parce que j'aime pas trop les maisons.

         - Pourquoi ?

         - Parce qu'elles sont pleines de portes.

         Il a souri, et puis il m'a demandé encore :

         - Qu'est-ce que tu cherches, ici ?

         - Rien de spécial !

         - Mon œil !

- Tu m'emmerdes, avec tes questions.

- En prenant la route comme ça, c'est toi qui la poses, la question. Tu nous la poses à tous, mec, tu vois ?

- Je cherche la paix. La vraie. Faut être tout seul pour avoir la paix. Dès qu'on est deux, c'est déjà la guerre.

[…]

- Pourquoi tu pense tout le temps à Freddy ?

J'ai réfléchi un peu, pour lui donner une réponse définitive et qu'il arrête.

- Parce que Freddy, c'est le seul type avec lequel, même ensemble, j'avais l'impression d'être seul."

 

Catégorie : Littérature française

Etats-Unis / moto / aventure / liberté / amitié /


Posté le 16/07/2021 à 18:16