Betty, Tiffany McDaniel / trad. de l'anglais. Gallmeister, 08/2020. 716 p. 26,40 € *****

         Née d'un père indien cherokee et d'une mère blanche, Betty Carpenter grandit au sein d'une famille nombreuse dans une petite ville de l'Ohio. Elle raconte son enfance, puis son adolescence, ses drames personnels - à l'école, elle est en butte au racisme de ses camarades et des enseignants – et ceux de la famille, qui voit mourir plusieurs de ses enfants. Comme pour exorciser tout cela, elle écrit ses histoires, qu'elle enferme dans des bocaux qu'elle enterre. Nourrie des légendes indiennes racontées par son père, elle se forge petit-à-petit une identité pour devenir une femme fière et forte.

         J'ai eu mal au ventre pendant toute la lecture de ce roman. Betty aux cheveux trop noirs et à la peau trop sombre subit quotidiennement une discrimination que ses sœurs ne connaissent pas, elle doit composer avec la folie de sa mère qui lui raconte, en guise de cadeau d'anniversaire, le viol et l'inceste dont elle a été victime des années durant, elle assiste au viol de sa sœur aînée par leur grand frère ; c'est une enfance difficile, marquée par les deuils, le rejet social puisque son père n'est pas non plus épargné par la discrimination, et si l'on fait appel à lui pour sa science des plantes, il reste toujours un indien dont il faut se méfier. J'ai eu mal au ventre tout du long, mais j'ai respiré aussi parmi les arbres, en découvrant les légendes indiennes sur lesquelles se fonde Landon Carpenter pour faire admettre à ses enfants les grandes injustices de la vie. La relation très forte qui unit ce père profondément aimant et sa fille qu'il surnomme sa "petite indienne" donne à ce sombre récit une belle luminosité, et c'est pleine d'espoir que cette jeune femme quitte la maison familiale, après la mort de son mentor, pour aller au bout du monde. C'est un premier roman un peu long certes que nous propose Tiffany McDaniel, mais un très beau récit initiatique.

 

Catégorie : Littérature étrangère

Etats-Unis / amérindien / famille / enfance / adolescence / 


Posté le 01/11/2020 à 15:57