2022/7 Le serpent majuscule, Pierre Lemaître. Albin Michel, 05/2021. 331 p. 20,90 € *****
Mathilde Perrin est une tueuse. A la voir, on ne dirait pas : à 63 ans, un embonpoint pris avec le temps, un visage très maquillé dont on devine qu'il a été jadis joli, elle n'a pas vraiment la tête de l'emploi. Et pourtant elle assassine ses cibles sur commande de deux balles bien senties, sans aucun état d'âme, avant d'aller jeter son arme depuis un pont de la Seine – du moins le croit-elle car elle semble tout doucement perdre un peu la boule. Elle reçoit ses ordres du commandant, un certain Henri avec lequel elle a œuvré en tant que résistante. C'est la guerre qu'elle a fait ses armes et qu'elle s'est révélé la plus coriace, la plus impitoyable sous son joli minois. Bien formée, elle passe parfaitement inaperçue, et aucun flic ne parvient à l'identifier, y compris lorsqu'elle abat froidement le jeune lieutenant de police chargé de l'enquête des multiples meurtres.
Elle accumule les bourdes, pourtant. Au point que ses commanditaires décident de se débarrasser d'elle. Mais elle est trop expérimentée pour ne pas s'en douter, et pour ne pas déjouer les pièges qu'on lui tend. Entre pertes de mémoire, confusion, attirance trouble pour Henri, et sursauts de lucidité, Mathilde prépare son départ au soleil. Mais suivant la loi éternelle selon laquelle on ne voit pas ce qui est sous nos yeux, elle finira par se faire avoir à son tour. Dans ce récit aux personnages bien caractérisés – le lieutenant long comme un jour sans pain René Vassiliev, le commissaire mangeur d'oléagineux, l'ancien préfet atteint de démence sénile – Pierre Lemaitre semble visiblement s'amuser, quitte à forcer un peu le trait et à dégommer tous ceux qui oseraient se mettre en travers de la route de la tueuse à gages. Comme dans Robe de marié ou dans Cadres noirs, l'auteur manie avec brio humour noir et scénario implacable.
Catégorie : Romans policiers / Thrillers
exécution
/ contrat / vieillesse /
Posté le 10/02/2022 à 11:37