Graham Joyce. Au cœur du silence. Gallimard (Folio), 02/2016. 341 p. 7,70 €

Zoé et Jake fêtent leurs dix ans de mariage dans une petite station pyrénéenne. Ils sont en train de skier quand ils se font surprendre par une avalanche. Zoé se retrouve enterrée sous la neige, et manque d'étouffer, jusqu'à ce que Jake, qui s'est accroché à un arbre, parvienne à la délivrer. Ils retournent au village pour s'apercevoir qu'il a été évacué de tous ses occupants. Leur hôtel est également désert, mais l'électricité fonctionne encore. Ils y passent donc la nuit, et, comme ils ne parviennent à joindre personne, décident alors de quitter le village en empruntant une voiture. Le brouillard les contraint à faire demi-tour. Leur nouvelle tentative le lendemain est elle aussi vouée à l'échec : apparemment, ils ne peuvent s'en aller, et leurs pas les ramènent toujours à leur point de départ...

Ce roman est étonnamment publié chez Gallimard en Folio SF, alors qu'il relève à mon sens davantage du thriller. Un couple se retrouve dans un village abandonné, mais qui jouit de tout le confort de la vie moderne : les magasins et restaurants sont ouverts – même si les cuisiniers ont disparu -, tout est à disposition, et même les télésièges fonctionnent. Le paradis… Évidemment, Zoé et Jake, d'abord un peu gênés, oublient vite leurs scrupules et profitent de leur liberté, quoiqu'un peu timidement. On s'attend à ce que le huis clos devienne pesant, et que le couple se déchire. On pressent la rupture… d'autant plus que les deux jeunes gens ont l'insulte facile – on peine à croire qu'ils soient amoureux à se traiter de "connard" et d'autres mots d'oiseaux – ce qui les rend assez peu sympathiques. Pourtant, l'union tient. Et de nombreux petits détails s'accumulent, qui vont bientôt faire basculer le récit dans un climat d'angoisse où l'auteur distille des indices qui prendront sens au dénouement… même si celui-ci est un peu attendu. Un roman qui tient son lecteur en haleine et remplit donc son contrat.


Catégorie : Policiers / thriller

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Posté le 16/12/2016 à 10:19