Margot Gioia, Joan Ott. Editions Cokritures, 07/2017. 228 p. 14 €

A 4 ans, Margot perd son père foudroyé lors d'un orage. Un an plus tard, alors qu'elle vient de se remettre en ménage avec son patron, sa mère disparaît en mer sans laisser de traces. Pourtant, Margot ne perd pas sa joie de vivre. Prise en charge par sa Mémé qu'elle adore et qui la surnomme "Luschtigà", elle garde toute sa joie de vivre, malgré ses difficultés scolaires et sa dyslexie. Et elle dessine, et s'avère très douée. Devenue grande bringue et lycéenne, en option arts plastiques au lycée Fustel, elle rencontre Catherine, tout aussi grande et talentueuse qu'elle. Elles deviennent complices, et leur amitié se transforme en un véritable amour. Jusqu'à l'été suivant où Catherine rencontre un homme…

         L'histoire est racontée par Margot. Outre le fait de voir les choses en fonction de son  âge, et d'adapter le style au vocabulaire et aux pensées de la narratrice, l'auteur réussit la prouesse de nous faire entrer dans la tête d'une petite fille souffrant de dyslexie, qui confond les sons et en fait une interprétation toute personnelle. Ainsi croit-elle que la mort s'écrit l'amor et découvrira-t-elle plus tard ce que le terme signifie en italien…

On retrouve dans le roman des thèmes chers à Joan Ott. La présence de l'art, la culture alsacienne, et une certaine vision de l'amour et de la relation à deux. Aucun couple n'est normatif : à part celui que formaient ses parents, mais si bref, et dont elle n'a conservé que le souvenir de sa vision d'enfant, et celui de sa mère avec son nouveau compagnon, bien vite détruit, nous sont présentés des couples atypiques : celui de Catherine et de son mari, qui va devoir partager sa femme avec Margot, celui que forment Margot et sa grand-mère ; le couple homosexuel de Bertrand, le galeriste, et enfin celui de Margot avec ce même Bertrand, avec lequel elle a une relation asexuée, dans deux appartements séparés de la même maison, mais une vie sociale à deux. Comme si le couple n'était viable qu'en étant un peu déviant.

On ne peut que s'attacher au personnage de Margot, contre laquelle le sort s'acharne avec tant d'obstination. Mais la jeune fille parvient à franchir les obstacles et à se garder de vivre dans une ambiance délétère. Le dessin et la peinture y sont sans doute pour beaucoup, qui lui permettent de ne pas s'appesantir sur le passé et de continuer d'aller de l'avant.

        

 

Catégorie : Littérature française

Alsace /

Posté le 14/01/2018 à 18:25