L'imprudence, Loo Hui Phang. Actes Sud, 140 p. 17,50 € ****

         Wàipo, la grand-mère de la narratrice, est morte chez elle, à Savannakhet au Laos. La jeune femme s'y rend avec son frère et sa mère, afin d'organiser et d'assister aux obsèques. La famille y retrouve le grand-père, dont la narratrice découvre l'extraordinaire beauté un peu fanée. Elle parle à peine le vietnamien, se sent dans son pays d'origine, qu'elle a quitté à l'âge d'un an, tout aussi étrangère qu'en France. Ce qui n'est pas le cas de son frère, de dix ans son aîné, qui pleure la mort de son aïeule et peine à sortir de son apathie.

         Ce récit raconte une quête de ses origines et de son identité. Bien sûr, il y a la culture et la langue, les traditions, mais surtout une découverte de soi, à travers une sexualité libre et sans complexe, dans laquelle le regard, érotisé, joue un rôle fondamental – la narratrice est d'ailleurs assistante d'n célèbre photographe. En témoigne la rencontre inaugurale du récit, à Paris, avec un homme fasciné par son visage ; de même va-t-elle prendre en filature un grand Occidental installé dans le village, qui la dévore des yeux. Plaisir des sens avant tout, sans attachement, puisque le seul vrai amour qu'elle éprouve est pour son frère, qu'elle tente par tous les moyens de sortir de son indolence. Ce roman est fin et délicat, mais n'exclut pas une forme de violence : bien cachée sous son visage lisse, elle s'exprime à travers son désir pour les hommes, ses envies de transgression et son amour fraternel.

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois"

Catégorie : Littérature française

Laos / exil / famille / amour / regard /

Posté le 26/01/2020 à 11:08