2022/70 Samouraï, Fabrice Caro. Gallimard/Sygne, 05/2022. 220 p. 18 € ****

         Mauvaise période pour Alan. Son premier roman a été un échec commercial, sa compagne vient de le quitter en lui conseillant d’écrire un « roman sérieux » et son meilleur ami s’est suicidé. Ses voisins partent en vacances et lui demandent de s’occuper de la piscine. Quelle meilleure opportunité pour Alan qui se promet de consacrer ses journées à entrer dans ce projet de « roman sérieux » et d’écrire à l’ombre de la terrasse dix mille signes par jour.

         Il semble avoir trouvé un sujet. Son prochain opus s’appellera Sol y sangre et racontera le périple de ses grands-parents espagnols venus trouver asile en France pour fuir le régime franquiste. Et puis non, une joggeuse des alentours disparaît, il décide d’ne faire le sujet de son œuvre à venir. De tergiversations en atermoiements, Alan n’avance pas, se remémore des moments de sa relation avec Lisa, s’invente des interviews avec Claire Chazal ou François Busnel, tandis que l’eau de la piscine blanchit puis verdit, et accueille de curieux insectes. Comme à son habitude, Fabrice Caro truffe son récit de scènes hilarantes – la première rencontre avec les parents de Lisa, la description du spectacle de bûto sont à mourir de rire – mais au final, la grande question de son récit est bien le manque d’inspiration et la tendance à la procrastination qui saisit l’écrivain. Rien de drôle là-dedans, mais Alan l’écrivain un peu raté a la suprême élégance de continuer à y croire – un peu – et de manier l’auto dérision avec un panache certain.

 

Catégorie : Littérature française

écriture / inspiration / procrastination / humour /


Posté le 19/10/2022 à 17:05