Artifices, Claire Berest. Stock, 08/2021. 430 p. 21,50 € ****

Abel Bac, flic solitaire et bourru, a été mis à pied dans en connaître la raison. Insomniaque, victime d'un cauchemar récurrent, il a coutume d'arpenter les rues parisiennes en espérant s'y perdre. Une nuit, il est réveillé par sa voisine Elsa qui se tient ivre morte devant sa porte. La jeune femme ne cesse ensuite d'essayer de se rapprocher de lui, en vain. Abel, qui attend sa convocation devant IGPN, s'enferme chez lui en compagnie de ses 93 orchidées, au grand dam de sa collègue Camille qui tente vainement de le joindre. Abel, lui, est préoccupé par l'intrusion, au musée Beaubourg, d'un grand cheval blanc. Une performance artistique à laquelle l'artiste sulfureuse et très célèbre Mila pourrait être liée…

Contrairement à ce que ce résumé pourrait laisser croire, ce roman n'est pas un polar. Un roman noir, certainement, à tendance psychologique. Ce qui n'entache en rien ses qualités, à commencer par la très bonne caractérisation du protagoniste. Abel, célibataire endurci, qui donne du doliprane pilé à ses fleurs et tient Tinder pour un bar parisien, est un modèle du genre. Pas tout net, ce flic suspendu pour une obscure raison de délation, qui ne peut s'empêcher de mener une enquête officieuse sur ce grand cheval blanc qui l'obsède. Autour de lui, trois femmes : sa voisine Elsa, un peu envahissante, un peu insistante ; sa collègue Camille Pierrat, bien décidée à sortir Abel de son trou ; enfin Mila, cette artiste contemporaine à l'anonymat savamment protégé, dont les œuvres se chiffrent en centaines de milliers d'euros. Trois femmes satellites dont l'épaisseur est bien moins rendue que pour Abel, notamment Mila, malgré toute sa stature d'artiste contemporaine célèbre et profondément marquée par les performances extrêmes de Marina Abramovic. L'histoire quant à elle est plutôt bien menée en dépit de quelques invraisemblances sur l'identité réelle de Mila ou le traumatisme initial d'Abel.

Catégorie : Littérature française

art contemporain / traumatisme / famille / deuil / vengeance /


Posté le 01/12/2021 à 17:15