Broadway, Fabrice Caro. Gallimard, 12/2020 (Sygne). 194 p. 16 € ****

         Axel, marié et père de deux enfants, reçoit un jour une lettre bleu grisâtre pour le dépistage du cancer colorectal. Las, ce dispositif concerne les hommes de 50 ans et plus, et Axel n'en a que 46. C'est le début pour lui d'une lassitude et d'une angoisse progressives, qui lui donnent envie de tout plaquer, et de partir à Buenos Aires, où il jouerait de la guitare et boirait des bières avec Benjamin Biolay, loin de toutes ses préoccupations, des apéritifs trimestriels avec le couple de voisins maniaques, des vacances à Biarritz pour faire du paddle, du sermon à tenir à son fils Tristan à cause de son dessin obscène, des cierges à faire brûler que pour le petit copain de sa fille Jade la re aime. Mais n'est pas crooner qui veut, et Axel s'interroge sur son potentiel de séduction quand il prend pour la troisième fois rendez-vous avec la professeur d'anglais de Tristan et culpabilise d'avoir prié pour que la rivale de Jade devienne borgne. Un simple courrier administratif dû à une erreur de logiciel, et c'est toute la vie d'un homme ordinaire qui est remise en question. Un récit bourré d'humour qui n'exclut pas la mélancolie – à ce titre je l'ai préféré à l'opus précédent, Le discours -, dans lequel on compatit pour ce pauvre Axel qui se rêve à Broadway quand il doit acheter des pizzas pour l'apéro des voisins.

 

Catégorie : Littérature française

famille / rêve / insatisfaction / angoisse /


Posté le 04/01/2021 à 17:21