Grand frère, Mahir Guven. Le Livre de poche, 02/2019. 318 p. 7,90 € ****

         Costard, cravate, chaussures cirées et cheveux lissés, Grand Frère, syrien par son père et breton par sa mère, est devenu chauffeur de VTC après des années de galère à vivoter en fumant du cannabis. Chaque vendredi, il va dîner chez son père qui n'évoque jamais le sujet tabou : la disparition de Petit Frère, infirmier parti faire de l'humanitaire au Mali, dont la famille est sans nouvelles depuis trois ans. Mais voilà qu'un soir, l'aîné croit l'apercevoir aux abords de la gare. Est-il enfin rentré en France ? Qu'est-il allé faire à l'étranger ?

         Rédigé dans une langue contemporaine mâtinée de termes arabes, de verlan et d'argot – glossaire à la fin pour les novices -, ce roman fait parler Grand Frère qui, entre deux bouffées de joints, s'interroge sur sa vie, le devenir des chauffeurs Uber et des indépendants, et le destin de son frère ; il laisse aussi la parole à Petit Frère, qui raconte son engagement pour une ONG musulmane en pleine Syrie en guerre, ses idéaux, et son désarroi face à l'intransigeance des intégristes. A travers ce récit croisé et la question de l'intégrisme religieux, c'est aussi la vie de quartier qui s'exprime, l'ascenseur social en panne, l'argent facile de la drogue et les trafics, le statut d'indic, le pouvoir des mots et de la pensée – avec un joli clin d'œil à Romain Gary - la fraternité et la question de l'identité. De nombreux thèmes qui n'entachent en rien une intrigue plutôt bien construite.

 

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois"

 

Catégorie : Littérature française

Islam / intégrisme / Djihad / fraternité / banlieue / taxi /


Posté le 27/07/2020 à 16:39