Et toujours les Forêts, Sandrine Collette. JC Lattès, 12/2019. 334 p. 20 € *****

            Corentin, délaissé par sa mère, a passé son enfance dans plusieurs foyers d'accueil avant d'arriver chez son arrière-grand-mère Augustine, qui vit dans un hameau perdu, les Forêts. Contre toute attente, il y trouve attention et affection. Parti faire ses études dans la Grande Ville, il s'étourdit de fêtes avec des amis dans les catacombes. Jusqu'au jour où une tempête de feu ravage la terre et détruit la population, à l'exception de Corentin et de ses amis. Que faire ? Désormais, il n'a qu'une obsession, survivre, pour retrouver Augustine.

             Un énième roman sur l'apocalypse et la destruction du monde ? Oui, mais pas que. Certes, Sandrine Collette plante un décor fait de cendres, de cadavres à demi-brûlés, de ciel uniformément gris d'où tombe une pluie acide, un monde de silence absolu où toute vie, animale ou végétale, a disparu, laissant place à un silence assourdissant, un monde qui n'est pas sans rappeler celui de La route de Cormac McCarthy, auquel l'auteur fait allusion lorsque Corentin aperçoit un jour un homme et son fils qui remontent la route en poussant un caddie. Un monde affreusement désolant donc, mais dans lequel subsiste un peu de vie. Celle du chien aveugle qu'adopte Corentin, celle des enfants que sa compagne Mathilde va mettre au monde, celle des pommes de terre qu'il fait parvenir à faire pousser, rabougries, petites, mais des pommes de terre quand même. Une raison de ne pas céder au désespoir. Et puis il y a la langue de Sandrine Collette, son rythme, sa rugosité parfois, qui restitue si justement la dureté de cette vie et les pensées de Corentin. Celui-ci est un homme, avec ses failles, ses doutes, ses erreurs, ses moments d'espoir puis de désespérance, porté par l'instinct de survie. Forcément, on s'y voit aussi. Aucun miracle ne vient clore cette histoire sombre, mais on peut croire, en refermant ce beau roman, à un avenir un peu plus clair, là-bas, vers l'ouest.

 

Catégorie : Littérature française

destruction / catastrophe / famille / survie /


Posté le 13/05/2020 à 09:44