A crier dans les ruines, Alexandra Koszelyk. Aux Forges de Vulcain, 09/2019. 251 p. 19 € ****

Léna participe à une visite très encadrée de la ville de Pripiat, dans la zone irradiée par la catastrophe de Tchernobyl. Elle y a vécu enfant, et l'a quittée avec ses parents et sa grand-mère le lendemain de l'explosion, pour aller s'installer en France, à Cherbourg. Elle a laissé derrière elle son amour d'enfance, Ivan, dont elle est sans nouvelles depuis vingt ans, qu'elle n'a pourtant jamais oublié.

C'est le souvenir d'Ivan, justement, son absence, l'ignorance même de savoir s'il est vivant, qui a suscité la décision de Léna de revenir sur les lieux de son passé. Ivan qui lui écrit des lettres sans jamais pouvoir les lui envoyer, puisqu'il ne sait où elle vit. Léa entreprend une quête vers son passé : elle part à la recherche de son amour perdu, mais aussi de ses racines, qu'incarnait sa grand-mère Zenka et qu'elle retrouve en parlant le russe et l'ukrainien. De facture assez classique, avec une longue partie centrale consacrée aux vingt ans que Léna a passés en France, c'est un roman de la nostalgie, de l'amour perdu, de la difficile acclimatation à une autre langue, une autre culture, qui permet également de découvrir "de l'intérieur" les circonstances de l'explosion de la centrale nucléaire, la façon dont elle a été traitée par les autorités russes et ses conséquences pour les habitants de la région. Le récit est bercé par une sorte d'onirisme incarné par les deux santons sculptés par Ivan pour Léna, et qui trouve un joli point d'orgue dans les retrouvailles de ces deux êtres qui n'ont jamais cessé de s'aimer : "Ils avaient encore plus d'une demi-vie à partager : une demi-éternité". 

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois".

Littérature française

catastrophe nucléaire / Tchernobyl /

Posté le 11/12/2019 à 14:54