Les amers remarquables, Emmanuelle Grangé. Arléa, 05/2019. 159 p. 17 € ***

          Le père de Marie-Emmanuelle est diplomate en poste à Berlin, sa mère femme au foyer. Celle-ci peine à se satisfaire de la vie qui est la sienne, sans emploi à part être une parfaite maîtresse de maison. Parce qu'elle s'ennuie, parce qu'elle se sent prisonnière des conventions sociales, parce qu'elle n'aime rien tant que nager dans l'océan, par tous les temps, elle part. Et revient. Et repart encore. La narratrice grandit donc entre un père absorbé par son travail et une mère fugueuse. Malgré ces abandons constants, elle parvient à se construire, à vivre sa vie de femme. Elle sera même une présence constance et chaleureuse auprès de ses parents vieillissants revenus en France.

         L'amer, en langage maritime, c'est un point de repère fixe, identifiable sans ambiguïté. Un phare, un clocher d'église… Emmanuelle Grangé eût intitulé son roman "L'amer remarquable" qu'on aurait cru à un jeu de mots cruel de l'inconscient, tant la mère de la narratrice n'en est justement pas un, d'amer. Mais elle a mis le terme au pluriel. Qui sont donc les repères qui ont permis à la petite Marie-Emmanuelle de grandir et de devenir une femme accomplie ? Le roman n'y répond pas, l'auteur ne cède jamais à l'analyse psychologique de parents absents ; en revanche, il se dégage de ce récit un amour inconditionnel pour cette mère fantasque et irresponsable qui, finalement, fait ce qu'elle peut pour aimer ses enfants, maladroitement.

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois".

Catégorie : Littérature française

famille / fugue /

Posté le 11/12/2019 à 14:46