La chaleur, Victor Jestin. Flammarion, 05/2019. 139 p. 15 € **

         Il fait chaud cet été-là, dans le camping des Landes où Léonard termine ses vacances avec sa famille. Oscar est mort une nuit, étranglé par des cordes de balançoire, tandis que le jeune homme le regardait mourir sans intervenir. Après avoir, dans un geste qu'il ne s'explique pas, enterré le corps sur la plage, le jeune homme traîne son ennui et son mal être, sa culpabilité aussi, dans le camping. Puis il rencontre Luce, qui fréquentait Oscar, qui lui plaît sans qu'il n'ait jamais osé l'aborder.

          Le récit, court, se tient sur quarante-huit heures. Il est, pour l'essentiel, l'illustration d'un mal être adolescent : Léo a du mal à se lier, se sent mal dans son corps et avec les autres, s'estime incompris de ses parents. Rien de plus classique, y compris ses premiers émois amoureux et sa première fois, bien moins grandiose que ce dont il rêvait. Ce pourrait être l'histoire d'un adolescent devenu cet été-là un homme, écrit probablement à la lueur de souvenirs ou d'expériences personnels, mais il y a la mort d'Oscar qui va le pousser à intervenir trop tard, et de travers. A la lecture, j'ai pensé à L'étranger, à cause du soleil écrasant, à cause de l'absurdité du comportement des hommes, sauf que, contrairement à Meursault, Léo n'a pas tué, il s'est contenté de ne rien faire. Non assistance à personne en danger, voilà la responsabilité réelle du jeune homme. Mais ce qui aurait été intéressant, et qui aurait fait de ce récit quelque chose de plus profond, c'est que Léo s'interroge sur sa passivité et sur son intervention tardive, inutile et lourde de conséquences. Sur son désir inconscient d'être considéré comme l'assassin du garçon dont il a dissimulé le corps.

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois".

Catégorie : Littérature française

vacances / adolescence / mort / jalousie /

Posté le 14/10/2019 à 14:52