Les enténébrés, Sarah Chiche. Le Seuil, 01/2019. 362 p. 21 € ****

Une autofiction comme une thérapie : l'auteur nous narre son double amour, l'un avec Paul dont elle a eu une fille, avec qui elle vit à Paris, l'autre avec Richard K., violoncelliste autrichien de renommée internationale, lui-même marié. Elle vit avec lui une passion incoercible, qui va durer plusieurs années, jusqu'à ce qu'elle soit découverte par Paul – il faudra bien ensuite décider de quoi faire. En parallèle, Sarah Chiche entreprend une quête dans son passé : un grand-père déporté, revenu de son séjour dans les camps plein d'une violence qui va faire son malheur et celui de sa femme, et une malédiction qui semble frapper toutes les femmes de la famille, coupables de maltraitance sur leurs filles. Dans cette quête, elle dit l'amour qu'elle porte à sa propre mère, tout à tour violente et aimante, et dit l'affection qu'elle porte à sa propre fille.

L'auteur est psychologue et clinicienne, est-il écrit sur la quatrième de couverture. Le fait est que son roman a les errements d'un travail sur soi, avec ses écueils, ses impasses, ses découvertes, ses révolutions. Il donne voix à toutes ces femmes, sur quatre générations, qui ont porté cette violence et cette folie dont Sarah Chiche se demande si elle est en est exempte. Il donne voix aux deux hommes qu'elle aime et dont elle n'a pas envie de se séparer. C'est une lecture dérangeante et difficile : ce récit est une sorte de "purge" dont son auteur ne ressort pas indemne, et il y a une certaine gêne à lire des passages d'une crudité qui frôle parfois l'obscénité, où à plonger dans les tréfonds d'un être profondément meurtri. Sans doute fallait-il beaucoup de courage pour se dévoiler ainsi, peut-être était-ce salutaire.

 

Catégorie : Littérature française

pyschologie / autofiction /


Posté le 11/04/2019 à 10:40