L'appel, Fanny Wallendorf. Finitude, 01/2019. 346 p. 22 € *****

         Portland, 1957. Richard, 14 ans, pratique le saut en hauteur, mais ne parvient pas à dépasser 1,62 mètres, au grand dam de son entraîneur. Pourtant, il ne cesse de courir, de parfaire sa courbe avant le saut, dans un stade désaffecté promis à la démolition. Un jour, il cède à une envie instinctive et passe la barre en la prenant de dos. Ca marche. Sa technique, que tout le monde tient pour peu orthodoxe, ne convainc pas immédiatement son entraîneur. Cependant, Richard va l'améliorer, malgré les critiques et les quolibets, et l'utiliser lors des championnats, malgré le risque d'être disqualifié. Peu-à-peu, il prend de la hauteur, "efface" 1,92 mètres, puis 1,97 mètres, et finit par franchir les deux mètres…

         L'appel, c'est l'histoire de celui qui a donné son nom à la technique qui a révolutionné ce sport. A mon adolescence, nous apprenions le saut en hauteur "en Fosbury", que j'entendais comme "fosse Bury", sans rien savoir de son origine, et ignorant la polémique que son inventeur avait engendrée. Le roman rend hommage à son créateur, capable de prouesses grâce à une faculté de concentration qu'il a mise au point, qui le met dans un état proche de la transe, et le rend capable de tels exploits. C'est aussi le portrait d'une jeunesse américaine des années 60, qui se révolte à l'idée d'aller crever dans la jungle du Vietnam. Fanny Wallendorf s'est, dit-elle dans sa courte préface, inspirée d'une photo du champion et de quelques faits réels relatés par la presse ; elle s'est pour le reste fiée à son imagination pour donner vie à un personnage à la fois réel et fictif, et relater l'ascension du sportif jusqu'aux JO et son rôle déterminant dans la pratique du saut en hauteur. C'est réussi.

 

Catégorie : Littérature française

sport / Etats-Unis /

Posté le 11/04/2019 à 10:37