Croire au merveilleux, Christophe Onot-Dit-Biot. Gallimard, 234 p. 20 €

La suite de Plonger. Maintenant que Paz est morte, César survit, plutôt mal que bien, grâce à la présence de son fils qui lui rappelle tant sa compagne. A bout, il décide d'en finir et d'avaler un cocktail de médicaments. Mais ce soir fatidique, quelqu'un sonne à sa porte : c'est une jeune femme d'origine grecque prénommée Nana, qui vient d'emménager dans l'appartement d'en face et a oublié ses clefs. Elle s'avère d'une érudition qui fascine le spécialiste de l'Antiquité qu'est César, et lui emprunte des ouvrages de sa copieuse bibliothèque. César n'oublie pas la femme qu'il a aimée, mais se laisse emmener dans l'enthousiasme de Nana qui le ramène à sa vie d'homme…

Nana est-elle réelle ? Ou le fantasme d'un veuf désespéré ? Le lecteur se laisse emporter dans le sillage de César, de la Côte amalfitaine à la Grèce, pour s'achever sur une pile japonaise ; dans sa quête resurgissent les souvenirs de Paz et l'incompréhension de sa disparition. Nana y tient le rôle d'une sorte entremetteuse qui va le conduire sur le long chemin du deuil. Roman sur la mort, mais aussi roman d'initiation, où le protagoniste renaît à lui-même, une fois qu'il a fait la paix avec son fantôme.

Le narrateur est lettré, qui truffe son récit de références littéraires, dont il lui arrive de se moquer : "On riait sur Hésiode" (p.95)" pense César en conversant avec Nana, et ajoute, quelques pages plus loin : " La lassitude de moi-même et de mes références revient pointer le bout de son nez" (p.99). Il pourrait être pédant, ou snob, à user du néologisme d'"ordiphone" afin d'éviter l'anglicisme devenu commun ; de fait, l'humour fait passer la pilule, même si le roman s'avère un peu bavard.

         On y trouve même l'histoire du symbole : "Dans l'Antiquité, on appelait "symbole" un fragment de poterie qui liait deux êtres humains. Lors d'un serment d'amitié ou de la conclusion d'un contrat, on brisait le fragment en deux et chacune des parties en prenait un morceau, précieusement transmis de génération en génération, et voué à réuni à l'autre moitié quand les aléas de la vie - revers de fortune ou besoin d'assistance - l'imposeraient. Leur emboîtement parfait attestait d'une origine commune. On ne voulait rien savoir d'autre. Avec les dieux pour témoins, personne n'aurait osé mettre en doute le symbolon."

 

 
Catégorie : Littérature française
amour / initiation /

Posté le 12/09/2018 à 13:19