Homesman, Glendon Swarthout. Gallmeister, 04/2014 (Nature Writing). 281 p. 23,10 €

       Etats-Unis, dans les confins de l'Ouest, milieu du 19ème siècle. Quatre femmes de pionniers, usées par les conditions de vie difficiles, le manque d'hygiène et de nourriture, sont devenues folles. Elles ne peuvent rester là. Un tirage au sort va désigner, parmi les quatre maris, lequel va jouer le rôle de rapatrieur pour les ramener à leur famille, dans l'Est. Le volontaire désigné refusant de se plier à son devoir, c'est Mary Bee Cudy, une ancienne institutrice devenue fermière, qui va se charger de la mission. Sur un coup de tête, elle sauve la vie de George Briggs, un voleur de terres promis à la pendaison, et exige qu'il l'accompagne. Ces deux être que tout oppose – l'éducation, la morale – vont ainsi convoyer les quatre malheureuses, enfermées dans un fourgon, pendant un périple à travers les plaines de l'Ouest, qui va durer plusieurs semaines.

         Ce roman offre un aperçu terrifiant de justesse des conditions de vie des pionniers du Far Ouest, à des lieues des clichés générés par les westerns : certes, il y a les chevaux, les colts et les fusils et de – rares – saloons où l'on boit du whisky frelaté tout en se fichant de grands coups de poing dans la figure, mais Swarthout nous fait découvrir l'envers du décor. Sous la plume se montrent la misère crasse du quotidien de ces familles vivant dans des maisons creusées dans la terre, l'isolement, la monotonie des travaux des champs, la famine, les conditions de vie d'une rudesse à faire pâlir le cow-boy le plus endurci ; incapables de les prendre en charge, les maris des femmes devenues folles n'ont d'autre choix que de les renvoyer à leur famille, les séparant ainsi de leurs enfants. Seul rayon de lumière dans cette vie ingrate, le pasteur et la dévouée Mary Bee, qui à eux deux tentent de soutenir la communauté.

Sous cet aspect réaliste, c'est évidemment la relation entre Mary Bee et le prétendu George – dont on ne connaîtra jamais le vrai nom – qui est intéressante. Chacun apprend à connaître l'autre et se débarrasse d'une partie de ses préjugés ; pour George, c'est un véritable parcours initiatique qui va le mener, non pas à la rédemption, mais à aimer la vie. Et à danser.

Ce livre, déniché tout tordu dans un marché aux puces, m'a offert une belle plongée dans la littérature des grands espaces.

 

Catégorie : Littérature étrangère

Etats-Unis / 19ème siècle / grands espaces / folie /

Posté le 09/05/2017 à 15:24