Novecento : pianiste, Alessandro Baricco / trad. de l'italien. Galimard, 02/2021 (Folio). 84 p. 5 € ****

Dans un monologue théâtral, un trompettiste raconte comment il se fait embaucher sur le paquebot Virginian, où il fait la connaissance de Danny  Boodmann T.D. Lemon Novecento, un pianiste surdoué qui n'a jamais mis pied à terre de sa vie. Abandonné à la naissance, il a été adopté par un des marins et a développé un sens musical et un talent si grand qu'il va être provoqué en duel musical par un de ses confrères qui ne supporte pas la concurrence...

Récit inclassable selon son auteur, ce court récit de 71 pages est destiné à être lu à voix haute, et comporte des indications qui ressemblent fort à des didascalies et qui laissent imaginer quel beau spectacle il ferait. Un récit court, mais efficace, qui narre la vie plus qu'étrange de ce musicien qui n'a jamais touché terre et que la célébrité n'intéresse aucunement, et non sans un humour un peu absurde, notamment lorsque le narrateur fait la présentation farfelue de l'équipage dirigé par un capitaine claustrophobe, avec un pilote aveugle, un radio bègue et un médecin de bord au nom imprononçable (le pauvre homme s'appelle Klausermanspitzwegendorfentag). D'autres scènes cocasses ou surprenantes émaillent le récit, non sans une étrange poésie, comme celle où, lors d'une tempête durant laquelle notre trompettiste fait connaissance avec Novecento, qui lui demande d'enlever les cales du piano, les deux hommes s'installent devant le clavier et que le musicien joue, tandis que la tempête fait valser l'instrument, le tabouret et les deux hommes à travers toute la salle. Et puis, à l'issue du duel, le piano est si chaud après la prestation de Novecento qu'il allume une cigarette en approchant la cigarette des cordes. C'est drôle, et terriblement mélancolique.

 

Catégorie :

musique / bateau / absurde / humour /


Posté le 12/02/2021 à 11:07