L'homme qui n'aimait plus les chats, Isabelle Aupy. Editions du Panseur, 03/2019. 123 p. 12,50 € *****
Il faut appeler un chat un chat, dit l'adage. Parce qu'un chat, ce n'est pas un chien : cela a beau avoir quatre pattes, des poils et une queue, les premiers n'ont rien à voir avec les deuxièmes, et inversement. C'est pourtant ce que l'on veut faire croire aux habitants d'une petite île qui vivent pacifiquement, se disputent avec courtoisie et nourrissent une population de chats plus ou moins domestiqués selon les individus, des chats qui réchauffent le lit, d'autres qui préfèrent la vie sauvage, mais en tout cas des animaux appréciés des îliens. Las, un beau jour, ils disparaissent. Et puis l'administration propose aux habitants de remplacer les félins disparus par des chiens. Qu'ils appellent des chats et offrent, avec en prime une belle laisse.
La laisse : voilà bien ce qui différencie un chat d'un chien, se dit le narrateur. Qui va tenter de résister contre le lavage de cerveau progressif qui touche petit à petit toute la population, à l'exception de quelques-uns qui tentent de résister. Cette fable joliment contée n'est pas sans rappeler Matin brun de Franck Pavloff, ou Rhinocéros de Ionesco. Elle illustre à merveille comment il est difficile de refuser de se fondre dans la masse, et de penser par soi-même. Combien il est confortable de se laisser à la pensée unique et de faire comme les autres : promener son chien à heures fixes, et le tenir en laisse. Quitte à ne plus réellement se parler, se regarder. Et magiquement, ce seront les livres qui vont ouvrir les yeux du narrateur. Un conte à lire absolument, à l'heure du politiquement correct, de la bien pensance et du conformisme.
Roman lu dans le cadre des 68 premières fois
Catégorie : Divers
fable / conformisme / résistance /
Posté le 26/01/2020 à 11:57